Interview de Pascal GATESOUPE (promo 2001)
Interview réalisée dans le cadre du dossier "Ingénieurs ENSTA Paris et santé"
En quoi consiste ton métier ?
PG. : Je travaille actuellement chez GE HealthCare, un des grands acteurs de l’imagerie pour la santé. J’y occupe le poste d’ingénieur principal pour le développement des équipements médicaux dédiés à la santé de la femme, et du cancer du sein en particulier. C’est un rôle à
l’interface entre la technologie et le développement produit, dont la mission est principalement de définir et mettre en œuvre les stratégies qui nous permettent d’acquérir les technologies clefs nécessaires à la réalisation des équipements innovants attendus pas nos clients.
Je couvre essentiellement les sujets liés aux données :
• L’interopérabilité ou comment s’assurer que nos équipements communiquent bien dans les différents écosystèmes (hôpitaux, cliniques…) ;
• La cybersécurité, sujet devenu ces dernières années un enjeu majeur dans le domaine de la santé ;
• Et enfin, les analyses de données techniques de nos équipements, pour offrir le meilleur support à nos clients.
Sur ces trois sujets, je coordonne de petites équipes expertes pour assurer les différentes étapes de l’innovation technologique, de la participation aux communautés scientifiques pour la définition des standards, à la veille technologique, aux études de faisabilité pour atteindre le niveau de maturité permettant l’intégration aux produits et enfin à l’industrialisation dans nos produits.
Tout l’enjeu est de garder un alignement parfait avec la vision produit et les besoins stratégiques du business, tout en ayant toujours un temps d’avance, ce qui est rendu possible par un travail étroit avec d’un côté les équipes terrain et produit, et de l’autre les équipes techniques de R&D, principalement logicielles.
C’est un travail de patience car il peut se passer beaucoup de temps entre les premières idées et le moment où nos clients, les médecins, pourront l’avoir entre les mains ; mais quelle joie quand le moment arrive et que cela fonctionne !
l’interface entre la technologie et le développement produit, dont la mission est principalement de définir et mettre en œuvre les stratégies qui nous permettent d’acquérir les technologies clefs nécessaires à la réalisation des équipements innovants attendus pas nos clients.
Je couvre essentiellement les sujets liés aux données :
• L’interopérabilité ou comment s’assurer que nos équipements communiquent bien dans les différents écosystèmes (hôpitaux, cliniques…) ;
• La cybersécurité, sujet devenu ces dernières années un enjeu majeur dans le domaine de la santé ;
• Et enfin, les analyses de données techniques de nos équipements, pour offrir le meilleur support à nos clients.
Sur ces trois sujets, je coordonne de petites équipes expertes pour assurer les différentes étapes de l’innovation technologique, de la participation aux communautés scientifiques pour la définition des standards, à la veille technologique, aux études de faisabilité pour atteindre le niveau de maturité permettant l’intégration aux produits et enfin à l’industrialisation dans nos produits.
Tout l’enjeu est de garder un alignement parfait avec la vision produit et les besoins stratégiques du business, tout en ayant toujours un temps d’avance, ce qui est rendu possible par un travail étroit avec d’un côté les équipes terrain et produit, et de l’autre les équipes techniques de R&D, principalement logicielles.
C’est un travail de patience car il peut se passer beaucoup de temps entre les premières idées et le moment où nos clients, les médecins, pourront l’avoir entre les mains ; mais quelle joie quand le moment arrive et que cela fonctionne !
Quel a été ton cursus académique, et en particulier ta spécialisation à ENSTA Paris ?
PG. : Je suis passé par le cursus des classes préparatoires (Mathématiques / Physique) puis par ENSTA Paris, à l’époque encore Porte de Versailles. Après une spécialisation en informatique et traitement du signal, j’ai été longtemps tenté par le domaine de la recherche en particulier dans la reconnaissance de la parole. Mais c’est finalement dans l’industrie de l’imagerie médicale que j’ai trouvé mon stage de fin d’études, chez GE HealthCare, ce qui allait marquer le point de départ de ces plus de vingt ans dans le domaine de la santé.
Quelles ont été les grandes étapes de ton parcours depuis ta sortie d'ENSTA Paris ?
PG. : Je suis depuis toujours resté fidèle au domaine du dispositif médical au travers duquel j’ai pu découvrir deux entreprises de tailles très différentes : une grosse multinationale de renommée mondiale avec GE HealthCare, et une PME à fort historique français et italien, Sorin CRM, aujourd’hui MicroPort, qui développe des implants cardiaques.
J’ai pu y découvrir et y jouer de nombreux rôles constitutifs d’une R&D, en commençant par le métier de développeur logiciel (algorithmes et petites applications d’imagerie), puis celui d’architecte et responsable technique logiciel sur ces mêmes applications et les spécificités du domaine médical, dont la gestion du risque patient.
Puis, j’ai voulu aborder les autres volets de l’industrialisation en découvrant les métiers de la gestion de projets médicaux : intégration des volets production, service, marketing, fournisseurs affaires, réglementaire et qualité. Cela a été aussi l’occasion de mettre un pied dans les problématiques de gestion de projets, à une époque où les principes du développement Agile faisaient leur apparition dans le domaine très réglementé du dispositif médical.
Je suis resté assez longtemps sur des rôles de gestion de projets, et j’ai eu la chance de pouvoir industrialiser des produits très variés : des suites d’application d’imagerie, une station de revue de mammographie numérique, des appareils pour piloter des implants cardiaques et même une solution de télé-cardiologie.
Jusqu’à présent « à la réalisation », avec une connaissance solide du « comment » on fait un dispositif médical, j’ai voulu prendre part à la définition du « quoi », et participer à la stratégie de l’entreprise. C’est ainsi que j’ai pris le rôle de manager de l’équipe logiciel applicatif et où j’y ai donc découvert un nouveau métier et ces nouvelles dimensions, humaines et organisationnelles. Avec la chance d’être entouré d’une équipe fantastique, à cheval entre Paris et Turin, nous avons pu mettre en œuvre un virage technologique et initier une nouvelle génération pour nos produits ainsi que sur les méthodes de développement (débuts du DevOps, automatisation des tests…).
C’est en souhaitant encore me rapprocher du « quoi » que j’abandonnais le rôle de manager pour ce dernier rôle au cœur de la stratégie produit de l’entreprise, renouant ainsi avec la technologie et la finalité de notre activité : le produit.
J’ai pu y découvrir et y jouer de nombreux rôles constitutifs d’une R&D, en commençant par le métier de développeur logiciel (algorithmes et petites applications d’imagerie), puis celui d’architecte et responsable technique logiciel sur ces mêmes applications et les spécificités du domaine médical, dont la gestion du risque patient.
Puis, j’ai voulu aborder les autres volets de l’industrialisation en découvrant les métiers de la gestion de projets médicaux : intégration des volets production, service, marketing, fournisseurs affaires, réglementaire et qualité. Cela a été aussi l’occasion de mettre un pied dans les problématiques de gestion de projets, à une époque où les principes du développement Agile faisaient leur apparition dans le domaine très réglementé du dispositif médical.
Je suis resté assez longtemps sur des rôles de gestion de projets, et j’ai eu la chance de pouvoir industrialiser des produits très variés : des suites d’application d’imagerie, une station de revue de mammographie numérique, des appareils pour piloter des implants cardiaques et même une solution de télé-cardiologie.
Jusqu’à présent « à la réalisation », avec une connaissance solide du « comment » on fait un dispositif médical, j’ai voulu prendre part à la définition du « quoi », et participer à la stratégie de l’entreprise. C’est ainsi que j’ai pris le rôle de manager de l’équipe logiciel applicatif et où j’y ai donc découvert un nouveau métier et ces nouvelles dimensions, humaines et organisationnelles. Avec la chance d’être entouré d’une équipe fantastique, à cheval entre Paris et Turin, nous avons pu mettre en œuvre un virage technologique et initier une nouvelle génération pour nos produits ainsi que sur les méthodes de développement (débuts du DevOps, automatisation des tests…).
C’est en souhaitant encore me rapprocher du « quoi » que j’abandonnais le rôle de manager pour ce dernier rôle au cœur de la stratégie produit de l’entreprise, renouant ainsi avec la technologie et la finalité de notre activité : le produit.
De ton point de vue, quel rôle a ou doit avoir l'ingénieur ENSTA dans le domaine de la santé ?
PG. : Avec son cursus généraliste, l'ingénieur ENSTA Paris peut bien entendu jouer un rôle sur une multitude de métiers dans le domaine de la santé, de la recherche biomédicale à l’industrialisation d’équipements, de médicaments, en passant par l’organisation des filières de santé ou simplement la gestion hospitalière.
Cependant, il y a quelques domaines nécessitant une expertise scientifique d’ingénierie de pointe, où l'ingénieur ENSTA Paris a un rôle tout particulier à jouer.
En effet, ces dernières années, le rôle des métiers de la donnée a littéralement explosé dans le domaine de la santé avec la digitalisation des services, l’interconnexion des systèmes (le dossier patient électronique), les nouvelles méthodes d’intelligence artificielle nourries à grandes quantités de données et la course à la donnée qui en découle. Ces technologies qui sont en train de transformer les métiers de la santé, l'ingénieur ENSTA Paris se doit d’en rester à l’avant-garde, en lien fort avec le monde de la recherche, afin d’assurer le maintien de la compétitivité de notre tissu industriel dans l’innovation et permettre à notre système de santé de réaliser avec succès sa transformation numérique.
Il s’agit bien là de savoir faire le pont entre la recherche, la théorie, et l’application et l’implémentation concrète : comprendre et savoir faire.
Cependant, il y a quelques domaines nécessitant une expertise scientifique d’ingénierie de pointe, où l'ingénieur ENSTA Paris a un rôle tout particulier à jouer.
En effet, ces dernières années, le rôle des métiers de la donnée a littéralement explosé dans le domaine de la santé avec la digitalisation des services, l’interconnexion des systèmes (le dossier patient électronique), les nouvelles méthodes d’intelligence artificielle nourries à grandes quantités de données et la course à la donnée qui en découle. Ces technologies qui sont en train de transformer les métiers de la santé, l'ingénieur ENSTA Paris se doit d’en rester à l’avant-garde, en lien fort avec le monde de la recherche, afin d’assurer le maintien de la compétitivité de notre tissu industriel dans l’innovation et permettre à notre système de santé de réaliser avec succès sa transformation numérique.
Il s’agit bien là de savoir faire le pont entre la recherche, la théorie, et l’application et l’implémentation concrète : comprendre et savoir faire.
Peux-tu nous donner l’exemple d’une action, d’un projet significatif que tu as mené en matière de santé ?
PG. : Avoir un pacemaker est extrêmement contraignant : il est nécessaire de le faire contrôler régulièrement auprès de son cardiologue. Ce simple contrôle impliquait de grands déplacements pour certaines personnes habitant de grands espaces. C’est pour répondre à cette problématique que nous avons lancé un projet de télé-cardiologie permettant d’effectuer ce contrôle au chevet du patient de façon totalement automatique. C’était un tout nouveau type de projet pour nous, habitué au dispositif médical isolé – on entrait de plain-pied dans le monde de l’IoT (objets connectés) avec ses enjeux de cybersécurité, ses contraintes réglementaires sur la protection des données et bien entendu ses technologies et concepts bien spécifiques.
Un autre projet significatif a été de faciliter l’adoption de la tomosynthèse du sein (imagerie mammographique 3D) pour qu’elle devienne un standard du dépistage du cancer du sein. En effet, la technologie existait depuis quelques années mais l’adoption par nos clients se passait avec beaucoup de difficultés : des volumes de données multipliés par dix, des écosystèmes très hétérogènes où des systèmes high-tech côtoyaient des systèmes d’une autre génération. La situation était telle que la FDA, l’organisme régulateur des États-Unis, avait été saisie pour tenter d’y trouver des solutions.
Dans ce contexte, il nous a fallu comprendre le marché, comment nos clients étaient structurés, selon les différents segments. Il nous a fallu travailler avec les différents acteurs de ces écosystèmes pour s’accorder sur des standards. Cela nous a permis d’identifier les outils et fonctionnalités clefs que l’on a pu ainsi développer et opérationnaliser avec les process et organisations adéquates. Aujourd’hui, la 3D (tomosynthèse) est devenue un standard dans de nombreux pays.
Un autre projet significatif a été de faciliter l’adoption de la tomosynthèse du sein (imagerie mammographique 3D) pour qu’elle devienne un standard du dépistage du cancer du sein. En effet, la technologie existait depuis quelques années mais l’adoption par nos clients se passait avec beaucoup de difficultés : des volumes de données multipliés par dix, des écosystèmes très hétérogènes où des systèmes high-tech côtoyaient des systèmes d’une autre génération. La situation était telle que la FDA, l’organisme régulateur des États-Unis, avait été saisie pour tenter d’y trouver des solutions.
Dans ce contexte, il nous a fallu comprendre le marché, comment nos clients étaient structurés, selon les différents segments. Il nous a fallu travailler avec les différents acteurs de ces écosystèmes pour s’accorder sur des standards. Cela nous a permis d’identifier les outils et fonctionnalités clefs que l’on a pu ainsi développer et opérationnaliser avec les process et organisations adéquates. Aujourd’hui, la 3D (tomosynthèse) est devenue un standard dans de nombreux pays.
En quoi ta formation à ENSTA Paris t'a-t-elle aidé ou t’aide-t-elle dans cette action ? Dans ta fonction en général ?
PG. : Si mon travail n’implique pas de façon quotidienne une spécialité particulière de mon cursus à ENSTA Paris, en revanche, ma formation à ENSTA Paris m’a fourni un ensemble d’outils dans différents domaines, auxquels j’ai pu faire appel de façon ponctuelle mais efficace à plusieurs reprises. Que ce soient des notions de programmation, d’architecture, d’algorithmie ou de mathématiques et de probabilités, à de nombreuses reprises, ces concepts vus en école ont pu refaire surface au moment voulu et m’ont permis de mettre les bons mots, les bonnes équations, les bonnes logiques pour rapidement arriver aux bonnes conclusions.
Gardes-tu un souvenir anecdotique de l’école ?
PG. : Les années passées à ENSTA Paris ont été certainement déterminantes sur mon parcours professionnel. En particulier, les stages ont été un excellent moyen de réaliser ce qui me plaisait et ce qui me plaisait moins. Avec un peu de recul, je vois le côté formateur des modèles d’alternance que je n’avais pas exploité quand j’étais étudiant. À développer ?
As-tu des conseils à donner aux élèves actuels ?
PG. : Chaque parcours est unique mais il me semble que, pour débuter, il est important de se constituer un vrai savoir-faire. Les profils les plus brillants que j’ai pu observer chez nous alliaient une grande intelligence théorique à une débrouillardise technique qui faisaient des miracles. Ce sont eux nos véritables leaders.
Profitez à fond de vos cours de qualité, apprenez des tas de choses, gardez l’esprit ouvert et faites ce qui vous plaît !
Profitez à fond de vos cours de qualité, apprenez des tas de choses, gardez l’esprit ouvert et faites ce qui vous plaît !
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