Interview de Philippe WOLF (promo 1996)

Interview réalisée dans le cadre du dossier "Ingénieurs ENSTA Paris et nucléaire"
 

En quoi consiste ton métier ?

PW. : Je dirige la filiale française d’un groupe américain, Amentum. En France, nous sommes spécialisés dans l’ingénierie nucléaire et travaillons avec tous les clients du secteur, aussi bien les grosses entreprises publiques comme EDF ou le CEA, que Iter qui est un projet de recherche international, mais aussi plus récemment avec les jeunes sociétés qui développent de nouvelles technologies AMR (Advanced Modular Reactor).

Quel a été ton cursus académique, et en particulier ta spécialisation à ENSTA Paris ?

PW. : Après le baccalauréat, j’ai fait les classes préparatoires à Paris, puis ENSTA Paris. Ma spécialisation s’appelait « réseaux et communication ». Je n’ai pas poursuivi avec un autre diplôme. Au cours de ma carrière, j’ai suivi plusieurs modules de MBA, aux États-Unis notamment.

Quelles ont été les grandes étapes de ton parcours depuis ta sortie de ENSTA Paris ?

PW. : J’ai commencé ma carrière dans l’ingénierie, chez Altran à l’époque, Cap Gemini maintenant. J’ai vite évolué vers un rôle de « business manager ». Après une dizaine d’années, je suis rentré chez Westinghouse en France, d’abord pour diriger leur filiale d’ingénierie, puis pour prendre le rôle de directeur pour l’Europe des projets d’ingénierie, avec des clients en France bien sûr, mais aussi en Suède, Belgique, Slovénie… J’ai par la suite été approché par un chasseur de tête lorsqu’Amentum créait sa filiale en France que je dirige donc depuis sa création.


Peux-tu nous donner l’exemple d’une action, d’un projet significatif que tu as mené dans le domaine du nucléaire ?

 
PW. : Chaque jour donne de nouvelles satisfactions, surtout en ce moment, alors que l’industrie nucléaire est aussi dynamique ! Mais peut-être que voir les essais en atelier des équipements robotisés que nous avons conçus pour le CEA pour effectuer la reprise de déchets « historiques » a marqué une étape dans le développement de l’activité en France. Voir se matérialiser ce que l’on a conçu, ne plus être simplement un rapport ou une note de calcul mais un prototype dont on peut valider la performance est toujours une étape gratifiante !

De ton point de vue, quel rôle a / doit avoir l’ingénieur ENSTA dans ce domaine, notamment dans le cadre du plan France 2030 sur le nucléaire de demain et plus largement celui de l’objectif de neutralité carbone en 2050 ?

PW. : Les enjeux pour atteindre la neutralité carbone, ce qui passe par la construction de nouvelles capacités nucléaires, sont absolument cruciaux, en France d’abord, et plus largement en Europe. Cela va nécessiter notamment d’augmenter très significativement la taille de la filière, probablement de doubler au moins. Et ENSTA Paris a tout son rôle à jouer pour que des ingénieurs de premier plan puissent prendre leur part dans la redynamisation de la filière ! Cela va aussi nécessiter de bousculer les habitudes, de s’internationaliser, de modifier les process…

En quoi ENSTA Paris, par la formation qu’elle dispense aux futur(e)s ingénieur(e)s, aide-t-elle la France à atteindre ses objectifs en matière de renouveau du nucléaire ?

PW. : J’avoue ne pas connaître suffisamment en détail la formation, depuis le temps, pour être capable de répondre précisément à cette question. Ce qui est sûr, c’est que la diversité des enjeux est énorme et nécessite des ingénieurs capables d’appréhender des systèmes complexes et multi-métiers. La conception de nouvelles technologies d’AMR, le développement de systèmes innovants pour Iter, la robotisation sur les sujets de démantèlement, le développement de la numérisation et demain l’intégration de l’intelligence artificielle sont des exemples parmi d'autres d'enjeux au sein desquels les ingénieurs ENSTA Paris doivent prendre toute leur place.

Gardes-tu un souvenir anecdotique de l'école ?

PW. : Je garde beaucoup de souvenirs de l’école, et de bons souvenirs. Un des souvenirs qui m’a marqué est d’être en charge de l’équipe qui organisait le Gala, à l’époque à l’école, à Paris. Quand on a tout juste une vingtaine d’années, se retrouver en charge d’une équipe, de l’organisation d’un évènement, d’un budget, de relations avec des sponsors, des artistes, des autorités locales, de la direction de l’école… c’est une expérience extrêmement formatrice et qui développe aussi des capacités qui sont utiles dans la vie professionnelle.

As-tu des conseils à donner aux élèves actuels ?

PW. : De profiter de ces années, bien sûr pour parfaire la formation scientifique, mais aussi pour s’ouvrir au monde professionnel, à l’international, aux associations qui je l’espère sont toujours dynamiques à ENSTA Paris. C’est aussi par ces soft skills que passe la réussite professionnelle, quelle que soit la voie que l’on emprunte ou l’industrie que l’on rejoint. Et contactez nous, les diplômés, participez aux animations proposées par les entreprises, posez des questions… Ce n’est pas toujours simple de se représenter ce qu’est la vie professionnelle quand on est étudiant(e). Servez-vous de tout ce qui pourra vous permettre de mieux réaliser à quoi peut ressembler votre quotidien dans un futur emploi, pour vous permettre de bien choisir votre voie et vous épanouir. Et l’industrie nucléaire a réellement de belles carrières à proposer, des projets excitants dans une filière en forte croissance !
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