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1) Votre start-up vient de sécuriser 5 M € de financement, voulez-vous nous décrire le projet MagREEsource et son impact à venir dans l’écosystème européen ?
Créée en 2020, MagREEsource, spin-off du CNRS-Institut Néel, veut réindustrialiser une filière souveraine des aimants permanents, grâce à son process de recyclage à l’hydrogène et des technologies innovantes de fabrication de nouveaux aimants.
Le marché des aimants permanents est au cœur de plusieurs enjeux stratégiques. La Chine détient le monopole de la production, elle assure à elle seule 95% de la production en Néodyme et 85% de la production d’aimants permanents à base de terres rares. Or la demande explose : le premier accord issu du programme Fit for 55 de la Commission Européenne impose 100% de voitures électriques d’ici 2035 en Europe et le plan RePowerEU, dans la continuité du Green Deal, accélère encore sur le déploiement des ENR et de l’éolien en particulier avec 210 milliards d’euros d’investissements supplémentaires d’ici 2027. Face à une telle croissance, l’extraction minière de terres rares dans le monde ne sera pas suffisante, entraînant une augmentation des coûts de production, voire une pénurie d’aimants avant 2030.
Afin de garantir son propre approvisionnement et l’autonomie stratégique des industriels européens, MagREEsource a développé une technologie innovante et propre de recyclage à l’hydrogène d’aimants en fin de vie, pour récupérer une poudre directement réutilisable pour la fabrication de nouveaux aimants avec une empreinte carbone réduite de 91% par rapport à ceux issus de l’extraction minière chinoise.
À l’heure de la transition énergétique, où les donneurs d’ordre européens doivent faire face à un énorme challenge pour électrifier et décarboner leur propre offre technologique, MagREEsource apporte une double compétence métallurgique et magnétique avec une très forte capacité d’innovation.
2) Quelles ont été vos motivations pour vous investir dans l’entrepreneuriat ?
Ingénieur Arts et Métiers, j’ai passé 25 ans dans l’industrie essentiellement dans des fonctions de business développement et de marketing stratégique dans la sidérurgie / métallurgie et dans l’ingénierie de projet dans l’environnement.
À la suite de ces expériences, j’ai été non seulement convaincu mais également enthousiasmé par le projet MagREEsource qui ambitionne de réindustrialiser une filière au cœur de la transition énergétique et du développement durable. Avec Sophie Rivoirard (issue du CNRS), nous formons une équipe de co-fondateurs complémentaires et engagés où les compétences techniques et managériales de chacun trouvent leur place dans ce projet entrepreneurial qui concrétise la vision d’un monde plus Green grâce à l’innovation industrielle.
3) Pourquoi avez-vous fait appel aux Business Angels ?
Les Business Angels sont devenus un acteur majeur du financement des start-up. Avec près de 400 K€ de souscriptions, ils représentent une part significative de notre levée equity (2 M€), aux côtés de Tangent Line (PFR Poland), Finindus (ArcelorMittal et la région flamande), EIT RawMaterials (UE) et le fonds venture du chimiste polonais Ciech.
Au-delà du financement, ils apportent également la pluralité d’expertises et les contacts des membres de leur réseau ainsi que leur accompagnement tout au long de la vie de l’entreprise. Ils sont à ce titre représentés à notre comité stratégique.
4) Quelles sont vos ambitions pour les cinq prochaines années ?
La levée récente permettra l’installation d’une unité de recyclage et de production d’aimants à Grenoble. Ce premier pilote industriel de 50 tonnes par an sera opérationnel dès le deuxième semestre 2023 et fabriquera des aimants frittés haute performance à partir de matière recyclée, issue de notre technologie brevetée à l’hydrogène.
La R&D adossée au site continuera le développement d’aimants frittés haute performance et d’aimants 4D imprimés par fabrication additive.
Pour peser sur le marché Européen et offrir une alternative crédible aux fournisseurs asiatiques, notre ambition est ensuite d’ouvrir une MagFactory à horizon 2027, d’une capacité de 500 tonnes. Nous voulons démontrer que réindustrialisation et économie circulaire peuvent résoudre un problème de souveraineté en Europe.
5) Les projets industriels supposent beaucoup d’apports en capitaux, comment comptez-vous faire face à cet obstacle dans la durée ?
Notre projet de réindustrialisation d’une filière des métaux critiques est stratégique pour l’Europe et se trouve au cœur de multiples enjeux en matière de transition énergétique, de souveraineté et de développement durable. En témoignent les intérêts marqués de clients tous secteurs industriels confondus (on peut citer l’aéronautique, le ferroviaire, l’éolien, la robotique et bien sûr les voitures électriques), et le support du gouvernement français avec le Plan de Relance, et la présence à ce tour de table d’EIT RawMaterials, agence issue de la Commission Européenne, ainsi que des fonds nationaux (polonais et belge) et des acteurs industriels de renom comme ArcelorMittal et Ciech Group.
La mise en place et l’exploitation de notre site pilote, qui validera la capacité de notre technologie à être déployée de façon industrielle, permettra - j’en suis convaincu - de confirmer l’intérêt du marché européen pour notre solution. Un premier site industriel avec une recherche performante associé à un réseau de formation en création et une forte traction clients devraient facilement convaincre nos actionnaires historiques comme de nouveaux, souhaitant investir dans la transition énergétique en Europe.
Cette thématique trouve en effet un intérêt très fort, et pour certains d’entre eux désormais exclusif, auprès des fonds d’investissement. La réindustrialisation et la souveraineté de l’Europe sont également des thématiques importantes pour des acteurs voulant répondre à la demande croissante de leurs souscripteurs pour des investissements porteurs de sens.
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